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Les grandes écoles, ces entreprises comme les autres

La photo a fait le buzz, mais pas dans le sens espéré. Il s’agissait de célébrer la signature d’une convention de coopération entre huit des plus prestigieuses écoles supérieures françaises.

Seulement voilà, sur la photo figuraient huit hommes, blancs, souriants, visiblement satisfaits d’eux-mêmes, heureux de la signature de cet accord qui promettait un plus grand rayonnement international de l’excellence à la française.

Seulement voilà, pas une seule femme, pas une seule personne de couleur, pas une seule personne issue de la diversité ethno-culturelle. Symboliquement, les minorités visibles, les femmes, étaient assignées à résidence. Une résidence définie par une élite masculine et blanche.

La photo n’est pas passée inaperçue. Les réseaux sociaux se sont emparés du sujet et les commentaires se sont propagés tels une trainée de poudre. Des commentaires ironiques, piquants, justes, parfois drôles, venant de femmes et d’hommes nombreux heureusement, de personnalités connues, de parlementaires ou de sénateurs, tous soulignant le manque de diversité au sein des directions des grandes écoles, tous interrogeant sur le pourquoi d’une telle situation.

Ceux qui, suite à cette polémique, ont invoqué le manque de femmes dans ces grandes écoles, ou la nomination de leurs dirigeants par l’État – pointant ainsi du doigt un État coupable et responsable – ont fait montre soit d’une grande hypocrisie soit d’un sérieux aveuglement. On oublie ou on ignore parfois que le monde de l’enseignement supérieur, et en particulier celui dit des grandes écoles, est à l’image de nos entreprises. Les femmes et les personnes issues de la diversité y sont presque totalement exclues des sphères de gouvernance, Codir, Comex ou Boards.

Comme dans les entreprises, les personnes issues de la diversité à la tête des grandes écoles restent des role models pour nos jeunes et nos grandes écoles ont un devoir d’exemplarité en ce sens. Elles ont le devoir d’ouvrir leurs portes à tous en commençant par contribuer à ouvrir les portes des classes préparatoires au plus grand nombre. Elles ont le devoir de promouvoir la réussite en montrant qu’elle est possible quels que soient l’origine ou le genre.

Essentiels, ces changements impliquent pour les écoles un travail de fond. Comment faire pour recruter des talents plus divers ? Comment lever les obstacles qui s’opposent à la progression des femmes jusqu’aux sphères dirigeantes ? Comment convaincre les écoles que la diversité est un atout plutôt qu’une contrainte ? Des questions complexes, auxquelles le Club peut assurément apporter des réponses. À nous d’amener les écoles à sortir de leur entre-soi et à créer de nouveaux modèles inspirants. À nous de jouer pour porter nos messages et nos conseils auprès des dirigeants de ces écoles, des dirigeants somme toute comme les autres…

Les algorithmes à l’épreuve de la diversité

 L’IA fait couler beaucoup d’encre depuis ces deux dernières années. Elle suscite l’engouement de toutes les entreprises, le développement de nouvelles formations, une guerre des talents, et la curiosité voire l’admiration d’une grande majorité de novices… Mais cette IA est-elle dangereuse pour notre société ?
L’IA est un sujet pervasif, il n’est pas uniquement technologique. Il impacte les plateformes, crée de la valeur, impulse de nouveaux positionnements et induit des transformations managériales et organisationnelles. C’est un sujet qui par le fait doit s’inscrire dans une démarche de confiance, de sécurité, dans une démarche sociétale et éthique.
L’IA, qu’elle soit forte ou faible, explicite ou implicite, reste un ensemble d’algorithmes pensés et créés par des développeurs. Ces développeurs sont tous porteurs de biais cognitifs inconscients qui vont se traduire par une discrimination technologique : un client écarté, un candidat non retenu, un visage non identifié… Ces biais sont tant dans l’algorithme développé que dans les données recueillies. En effet, si l’échantillon de données qui sert à prédire un résultat est biaisé car reflétant une réalité discriminatoire, alors l’algorithme produira lui-même un résultat discriminatoire. Ce principe de fonctionnement de l’IA en fait un moteur de reproduction des inégalités.
Et l’IA devient alors « une arme de discrimination massive » comme le titrait le journal Les Échos en août dernier.
Face à ce phénomène, les entreprises ont un rôle déterminant. Elles ont le devoir de mettre en œuvre les mécanismes nécessaires pour limiter ces biais. Elles doivent éveiller les consciences, sensibiliser et former les équipes techniques à la prise en compte de ce sujet. Les développeurs doivent s’entourer et être près des gens des métiers pour prévenir des erreurs.
Mais la communauté des développeurs doit aussi se diversifier elle-même et s’ouvrir à toutes les formes de diversités. Elle doit s’affranchir de ses propres préjugés, au risque de les essaimer au travers de la société civile par le biais de programmes faussement intelligents, mais réellement discriminants.